Quelle est la capacité de l’homme à digérer le lait ?
Dans le cadre du projet européen LeCHE, Philippe Marteau, Chef du département médico-chirurgical de pathologie Digestive à l’Hôpital Lariboisière, AP-HP & Université Paris 7, nous éclaire sur la faculté de l’homme à digérer ou non le lait de la vache.
Le lactose. Le lait de vache n'est pas absorbable tel quel par l'intestin grêle. Il contient un sucre (glucide) -le lactose- qui, pour être digéré nécessite une enzyme appelée la lactase.
Chez le nouveau né, le lactose constitue une source importante de calories. Plus tard dans la vie, il est présent dans le lait liquide, mais ne subsiste qu’à l’état de traces dans les fromages et est prédigéré dans les yaourts. On en trouve des traces dans certaines confiseries, sauces, boissons et dans des préparations pharmaceutiques où il est utilisé pour certaines de ses propriétés comme son pouvoir sucrant ou de cristallisation.
La lactase. Si tous les bébés, sauf exceptions rares, disposent de cette enzyme, la lactase, qui permet de digérer le lait liquide, celle-ci perd souvent de son activité avec l’âge. Or des études montrent que la persistance de l’activité de la lactase à l’âge adulte varie selon les populations : proche de 100% dans les pays nordiques, elle est inférieure à 50% dans les régions méditerranéennes. Cette aptitude physiologique à digérer le lait dépend d’un gène maintenant bien identifié. On s’est aperçu que la persistance de ce gène qui code la lactase se retrouve particulièrement chez les populations qui ont une tradition très ancienne d’élevage, comme dans les tribus africaines et bédouines. En France, la fréquence du phénotype « lactase persistante » est de 80% dans le Nord et de 50% dans le Sud.
(In)tolérances. La plupart des adultes tolèrent parfaitement des doses de lactose allant jusqu’à 7 g/j, sachant que 100 g de lait (entier ou écrémé) contiennent 4 à 5 g de lactose. Au-delà de cette dose, certains sujets parmi les « lactase non persistants présentent des signes digestifs désagréables (ballonnements, excès de gaz et borborygmes, plus rarement douleurs abdominales et diarrhées) qui définissent l’intolérance au lactose, à ne pas confondre avec l’allergie aux protéines du lait.
Source : Le Muséum National d’Histoire Naturelle, CNRS, OCHA, février 2009.
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