Y a à boire et à manger dans les régimes amaigrissants. Alors perdre quelques kilos en trop oui, ruiner ma santé non !
Aujourd’hui en France, la représentation sociale collective du corps érige la minceur voire la maigreur en modèle de beauté. Face à la demande, les pratiques d’amaigrissement se sont considérablement développées, le plus souvent sans suivi médical, et conduisant parfois à de graves excès et notamment des troubles du comportement alimentaire, notamment chez les personnes les plus vulnérables et les adolescents.
Certes, le surpoids et l’obésité touchent respectivement 32 % et 15 % des personnes de plus de 18 ans en France, ce qui constitue un véritable problème de santé publique nécessitant la prise en charge par un professionnel de santé et pouvant justifier, la mise en œuvre d'un régime alimentaire sous contrôle médical (médecin nutritionniste, endocrinologue, diététicien, psychologue). Mais dans de nombreux cas, des pratiques alimentaires d'amaigrissement sont adoptées en l'absence de surpoids ou de toute indication médicale, pour des raisons essentiellement esthétiques.
15 régimes à la loupe
En effet, l’enquête révèle que 23,6 % des adultes suivent ou ont suivi un régime amaigrissant l’année précédant l’enquête, 60% étant des femmes et 44% des hommes, tous souhaitant « peser moins ». Pourtant plus de 30% de ces femmes ont un IMC14, c’est-à-dire « normal » et 15 % des femmes minces (avec un IMC < 22) ont suivi un régime amaigrissant pendant l’enquête ou l’avaient suivi pendant l’année. Et l’on compte 47 % d’adolescentes de 11 à 14 ans souhaitant peser moins.
L'Anses a été saisie par le ministère chargé de la Santé pour évaluer les risques qu'engendrent ces pratiques, et le rapport d’expertise collective publié par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) concernant les régimes les plus populaires : Régime du Dr Atkins, Régime Californien du Dr Guttersen, Régime « Citron détox », Régime de la Chrononutrition du Dr Delabos, Régime du Dr Cohen, Régime du Dr Dukan, Régime du Dr Fricker, Régime Mayo, Régime Miami du Dr Agatston, Régime Montignac, Régime du Dr Ornish, Régime Scarsdale du Dr Tarnower, Régime de la Soupe au chou, Régime Weight Watchers et Régime Zone de M. Sears, rendu en novembre 2010 sur l’« Évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement » a fait un « gros » tapage médiatique.
À ne pas confondre avec le régime « attitude »
Ce rapport n’aborde pas la restriction consécutive aux traitements chirurgicaux ni les méthodes n’ayant pas recours à une modification du régime alimentaire tel que le coaching ou l’hypnose.Il ne tient pas compte non plus des régimes alimentaires basés sur des styles de vie, des philosophies ou des principes de vie tel le régime minceur zen Okinawa, fondé sur le mode de vie de l’île japonaise (en photo),
le régime macrobiotique, le régime des groupes sanguins ou le régime méditerranéen, n’ayant pas principalement une visée amaigrissante. Ni des régimes qui portent sur la modification des méthodes de consommation des aliments comme le régime Fletcher (mâcher les aliments jusqu’à ce qu’ils deviennent liquides dans le bouche), le régime Forking (consommer des aliments seulement avec une fourchette) ou le régime « préhistorique » (consommer des aliments crus, sans cuisson et sans transformation).
Les risques
L'expertise montre que les régimes amaigrissants, pratiqués sans recommandation ni suivi d'un spécialiste, très largement diffusés auprès du public dans le commerce et sur Internet, présentent des risques pour la santé plus ou moins graves. Il met en évidence des effets néfastes sur le fonctionnement du corps, et notamment pour les os, le cœur et les reins, ainsi que des perturbations psychologiques, notamment des troubles du comportement alimentaire.
L'analyse des données scientifiques établit également que la pratique des régimes peut provoquer des modifications profondes du métabolisme énergétique du corps, souvent à l'origine du cercle vicieux d'une reprise de poids, éventuellement plus sévère, à plus ou moins long terme. Et plus on fait de régimes, plus on favorise la reprise pondérale, a fortiori en l'absence d'activité physique, qui constitue un facteur essentiel de stabilisation du poids.
Les manques
En ce qui concerne les macronutriments, l’apport en protéines est supérieur à l’apport nutritionnel conseillé par l’ANC pour plus de 80 % des phases de régime étudiées. Pour certains d’entre eux, les apports sont deux à trois fois supérieurs aux ANC. Aussi, 80 % des sujets reprennent du poids un an après la fin de leur régime.
Plus de la moitié des phases de régime étudiées présente des apports en lipides supérieurs à l’ANC et 40% sont en dessous. De même, la quasi-totalité des régimes ou phases de régimes étudiés propose des apports en glucides inférieurs à l'ANC. Sans compter que 74% des phases de régimes proposent des apports en fibres inférieurs à l’ANC et parfois près de dix fois moindre. Seulement 26 % des phases de régimes étudiées respectent les recommandations d’apport en fibres.
En ce qui concerne les micronutriments, pour 61 % des phases de régimes étudiées, le besoin nutritionnel moyen (BNM) en fer chez la femme n’est pas couvert, pas plus que le BNM en calcium chez l’adulte pour 23 % des phases de régime, et la moitié des régimes étudiés proposés aux femmes correspond à des apports en magnésium inférieurs au besoin nutritionnel moyen.
Pour 58 % des phases de régimes étudiées, les apports en sodium sont supérieurs à la limite recommandée par l'OMS (5 g de sel par jour, soit près de 2000 mg de sodium).
Pour la vitamine C, 26 % des phases de régimes étudiées ne couvrent pas le besoin nutritionnel moyen. Dans 77 % des cas, les apports en vitamine D sont inférieurs au BNM, et les apports en vitamine E insuffisants dans 32 % des phases de régime.
Lire également les conseils du Dr Pierre Azam en matière de diététique minceur et la Sélection de substituts de repas gourmands autorisés.
Source : ANSES, novembre 2010. Lire le rapport complet sur le site de l'ANSES.